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Visites et promenades
Jeudi 9 septembre 2010 : Visite culturelle de Boukhara
Aujourd'hui, c'est LA grosse journée culturelle à Boukhara. Au programme : madrasa et mosquée, mosquée et madrasa, madrasa sans mosquée et mosquée sans madrasa. De quoi en rêver même la nuit !
Nous commençons la journée par une coupole de marchands : la coupole des changeurs ou Tak-i-Sarrafan. Il n'en reste plus que trois aujourd'hui dans la ville sur les 7 qui existaient à l'origine. Toutes datent du XVIème siècle. Elles sont surmontées de nombreuses coupoles et abritent quelques magasins désormais à vocation touristique. Celle où nous nous trouvons était occupée par les juifs qui habitaient dans le quartier la jouxtant, les Ouzbeks dénigrant la profession de changeur.
Au nord de cette coupole se trouve la mosquée Magok-i-Attari qui a la particularité d'être bien plus basse que le niveau de la place. Elle est longtemps restée enfouie sous terre et n'a été redécouverte qu'en 1839. Elle abrite aujourd'hui un musée-boutique de tapis. A l'intérieur se trouvent un escalier à larges marches que pouvaient emprunter des cavaliers, des écuries et un puits au fond duquel restent les fondations de bâtiments plus anciens. Sur sa façade sud se mélangent les styles musulmans et zoroastriens.
Nous rejoignons ensuite la coupole des chapeliers, Tak-i-Telpak Furushan.
En prenant à notre gauche et en sortant plein nord, on parcourt une rue bordée d'échoppes touristiques (pour changer). Sur notre droite, nous laissons le Tim Abdullah Khan, un marché couvert où se vendent tapis, tissus ... Juste avant la troisième et dernière coupole, nous obliquons encore à droite vers les Kosh Madrasa, terme signifiant qu'elles se font face. L'une d'elles est en plein "lifting" : sa façade est en cours de restauration. Nous ne pouvons ainsi voir que la madrasa Oulough Begh, la plus ancienne des deux. Son maître d'oeuvre étant le petit-fils de Tamerlan, celui qui appréciait les sciences plus que la guerre, la madrasa dispensait un enseignement plus ouvert que dans les autres structures de même type.
Nous traversons alors le quartier tadjik pour rejoindre le Tchor Minor, une petite madrasa coiffée de 4 minarets. Chacun d'eux symbolise soit une ville de la Route de la Soie (Boukhara, Damas, Bagdad, Kaboul) soit une ville importante de l'Ouzbékistan (Termez, Khiva, Boukhara, Samarkand). La madrasa a été construite tardivement (1807) par un riche marchand turkmène. Sa taille étant réduite, les cellules se trouvent de part et d'autre de l'édifice : 3 à droite et 4 à gauche.
Nous rebroussons chemin pour revenir à la coupole des joailliers, Tak-i-Zargaran.
Nous parvenons alors à la principale curiosité de la ville : la place Poy Kalon. Elle se compose de 3 principaux monuments : la mosquée Kalon, le minaret de même nom et la madrasa Mir-i-Arab. Détaillons sommairement chacun de ces monuments :
- la mosquée Kalon est une mosquée Jammi, la plus grande d'Asie centrale. Elle a été édifiée à l'emplacement d'un ancien temple bouddhiste probablement au VIIIème siècle pour sa version initiale. Mais elle a été détruite maintes fois au cours de l'histoire notamment par Gengis Khan, le héros mongol.
Une fois entrés dans l'édifice, une vaste cours s'ouvre devant nous. Au centre de celle-ci se dresse un mémorial octogonal à la mémoire des martyrs morts lors de la destruction par les mongols. Sur les côtés, de vastes galeries recouvertes de très nombreuses coupoles.
- le minaret Kalon mesure 48m de haut mais une partie se trouve enterrée pour une plus grande stabilité. Il remonte au XIIème siècle et a eu plusieurs vocations : appel à la prière; "tour de la mort" depuis laquelle on jetait les condamnés à mort et, pour finir, phare guidant les caravanes grâce à l'huile qui brûlait dans la vasque située à son sommet.
- enfin la madrasa Mir-i-Arab a été construite au XVIème siècle. Sa vocation est uniquement religieuse puisque 125 étudiants de 15 à 18 ans y sont encore formés aujourd'hui. De ce fait, l'entrée est interdite au public.
Derrière le minaret Kalon, une autre coupole se détache du ciel bleuté : celle de la madrasa Amir Alim Khan. Après avoir franchi son portail, on pénètre dans une première cour allongée puis dans une seconde de plan rectangulaire. De celle-ci, on peut accéder au toit de la madrasa et avoir une vue sur les environs. Cette madrasa fait aujourd'hui office de bibliothèque mais elle conserve ses cellules d'étudiants.
Pendant que je redescends du toit, une altercation monte de la cour : les jeunes gardiennes des lieux sont mécontentes que nous et d'autres touristes soyons montés sur le toit alors que les portes étaient ouvertes ... Peut-être ont-elles raté un bakchich ? Plutôt que d'attiser les tensions, notre guide préfère sortir du monument.
Sur ce, la matinée et les visites du jour s'achèvent. Nous avons l'après-midi à occuper à notre guise. Toujours avec la même personne du groupe, nous décidons de passer l'après-midi à nous promener dans des coins que nous n'avons pas encore vus mais au programme de demain. Nous partons donc vers la citadelle (Ark) puis vers la mosquée Bolo-Khaouz, la muraille de la ville où des gitanes nous abordent pour réclamer des sous et le mausolée Ismail Samani où nous sommes abordés par des étudiants pour discuter. L'heure avançant nous souhaitons aller au Zindan, la prison de l'émir. Les cartes de mon guide étant d'une précision digne des satellites de la préhistoire, nous partons dans la mauvaise direction. Au bout de quelques kilomètres, des policiers nous apprennent notre erreur. Après quelques tâtonnements dans des petites ruelles, nous finissons par tomber sur le site désiré.
Le Zindan est donc une prison où les prisonniers pouvaient être suppliciés longuement : ils étaient jetés et abandonnés des semaines à des rats et à des insectes plutôt voraces. Selon les récits, un premier émissaire anglais fut jeté là pour une question d'entorse au protocole en présence de l'émir. S'étonnant de la disparition de cette personne, une autre ambassade fut envoyée et finit de la même façon. Après quelques temps de supplices, ils furent enfin exécutés.
Nous retournons ensuite à l'hôtel par l'ensemble Poy Kalon et les coupoles. Mais la soirée est encore un peu loin, je repars donc aussitôt à l'assaut de la partie ouest du quartier juif que je n'ai pas encore visitée. Celle-ci comprend de nombreuses madrasas abandonnées.
Ma promenade se termine sur la place Liab-i-Khaouz où je retrouve le jeune photographe de la statue Nasreddin que j'avais déjà rencontré hier soir. Lui au moins ne me demande rien, il est simplement content d'échanger avec un occidental en attendant les clients potentiels.
Tags : boukhara, coupoles, poy kalon, tchor minor, zindan
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